Quantcast
Channel: profseteleves.blogs.liberation.fr - Derniers articles
Viewing all articles
Browse latest Browse all 21

La carte au Kärcher II, The Parisian Edition

$
0
0

L’un des premiers chevaux de bataille de Xavier Darcos fut la suppression de la carte scolaire. Vous savez, ce «système très injuste» uniquement subi par «ceux qui n’ont pas les moyens d’y échapper, ceux qui n’ont pas des parents qui connaissent les systèmes ou qui ont beaucoup d’argent». (Le Nouvel Observateur– 22/05/2007)

Dès la semaine suivant ces propos, Guillaume avait ici même, avec son analyse caricaturale et bornée de gauchiste non constructif, envisagé les dégâts de cette réforme et raillé la probable absence de gestion de ses conséquences négatives.

On oublie tout ça et on repart à zéro sur le mode : «Vous êtes en difficulté ? Patientez un peu : ça va être pire ! Quand on vous aura bien ghettoïsé on s’occupera de vous»… ou pas.

C’était bien mal connaître notre ministre, qui un an plus tard, dans le Figaro du 16 juin 2008, répondait à la question «Qu’allez-vous décider si vous constatez que des établissements sont massivement désertés ?» que «Tout d’abord, nous maintenons les moyens à ces établissements afin qu’ils puissent redresser une image dégradée.»

Je suis sur Paris depuis un peu plus d’un an et demi, dans un établissement qui n’est pas classé ZEP. Les résultats scolaires de nos élèves sont alarmants, les actes de violence et d’incivilité entre élèves et entre élèves et adultes sont devenus une réalité quotidienne, le taux de réussite au brevet s’est effondré.
On peut donc envisager sans trop se tromper que mon collège a désormais une «image dégradée».
Est-ce dû à mon arrivée dans l’Académie ?
J’ai l’arrogance de vouloir minimiser la validité de cette hypothèse.
J’aurais tendance à regarder ce que l’on appelle les indicateurs objectifs, les résultats des évaluations à l’entrée en sixième, le pourcentage de catégories socioprofessionnelles favorisées… Ils sont tous au plus bas et diminuent d’année en année.

Pour la rentrée prochaine, l’inspection académique table sur une perte d’à peu près 40 élèves, un petit dixième de notre effectif global, dans un quartier «populaire» qui pourtant n’accuse pas de baisse démographique.
Ce mois-ci, les DHG (dotation horaire globale) pour l’année 2009/2010 ont été attribuées. Il s’agit pour faire simple du nombre d’heures d’enseignement distribué à un établissement pour qu’il organise ses cours. Il est calculé à l’aide d’un ratio «heure par élève». Logique, plus il y a d’élèves dans un établissement, plus il y a d’heures.
Ainsi, quand il est prévu une baisse d’une vingtaine d’élèves, le nombre d’heures distribué implique-t-il la suppression d’une classe.

C’est là que commencent les problèmes : les élèves «manquants» sont rarement tous dans le même niveau…
Ainsi, ce seul calcul mathématique pour une dotation conduit à ce qu’une baisse du nombre d’élèves aboutit à une augmentation de leur nombre par classe.
Ce calcul implique également qu’une simple baisse de trois élèves peut conduire à la suppression de cours organisé en demi-groupes de quinzaine sur un niveau entier dans deux matières.

Allons, ça se peut pas arriver dans notre collège.
«Nous maintenons les moyens...»
Dans notre collège, qui a tout d’un établissement ZEP, avec les moyens de l’Ecole prioritaire, il aurait gagné plusieurs dizaines d’heures malgré la baisse de l’effectif.
«Nous maintenons les moyens à ces établissements…»
Si le seul calcul mathématique prévaut, nos classes de quatrième (le niveau le plus dur) passeraient de 24 à 28 élèves. Ce ne serait pas une image très belle pour les parents d’élèves…
«Nous maintenons les moyens à ces établissements afin qu’ils puissent...»
Et puis, ce n’est pas comme si tous les acteurs de notre collège avaient regardé l’évolution de la situation les mains dans les poches sans alerter l’Inspection.
«Nous maintenons les moyens à ces établissements afin qu’ils puissent redresser une image dégradée.»

Y’a-t-il vraiment le moindre suspense sur l’issue de la situation ?

Elle me fait tellement enrager que je ne peux que conclure sur cette phrase. Guillaume est un visionnaire.

«Quand on vous aura bien ghettoïsé on s’occupera de vous»…OU PAS.

• Jérôme •

Réagissez à l’article


Viewing all articles
Browse latest Browse all 21

Latest Images





Latest Images