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«La Journée de la jupe», un film déjà récupéré

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Rhaaa, je suis bien embêté.
La Journée de la Jupe, j'ai adoré.
Vraiment.
J'en suis ressorti tout ruisselant de larmes après avoir ri aux éclats devant les frasques de Podalydès, avoir tremblé pour tous les personnages "coincés" dans la salle de théâtre et avoir jubilé devant Adjani qui met un coup de boule à un élève récalcitrant.
Depuis, une semaine, je n'arrive pas à commencer une conversation autrement que par "Tu as vu la Journée de la Jupe ?".

Pourtant, mon enthousiasme vient d'en prendre un coup. Ce film, Jean-Paul Brighelli l'adore aussi. Pour lui, il est une illustration du discours qu'il tient sur l'école publique depuis des années et dont il réussit à tirer des best-sellers médiatiques. 

Pour avoir lu en entier la Fabrique du Crétin, on constate que son discours se nourrit d'un état des lieux de l'Education Nationale catastrophique (le niveau baisse, les élèves sont violents et feignants, les enseignants abrutis par les nouveaux pédagogues et l'IUFM...). Adhérent au SNALC (syndicat situé plutôt à droite), ses explications de la situation se situent pourtant au niveau d'une théorie du complot qui ferait rougir de simplisme le plus buté des militants d'extrême gauche : forcer le système éducatif français à former des élèves crétins serait un projet conscient d'une caste dirigeante qui, avec la complicité des nouveaux pédagogues, serait déterminée à conserver une classe ouvrière inculte et incapable de réfléchir. Et pour lui, il n'y a qu'une seule solution : revenir à l'enseignement d'antan. Point barre. Ce qui a marché pour lui il y a des décennies doit évidemment pouvoir s'appliquer à tous les élèves de la société actuelle.
Le ton lapidaire et hargneux de son article sur la Journée de la Jupe suffit à mon sens à décrédibiliser son propos, et au final, il parle très peu du film, mais je suis attristé par cette petite entreprise de récupération.

A mon sens, la Journée de la Jupe n'est pas un film à thèse. Ce qui me plaît beaucoup, c'est qu'il est d'abord un film de fiction où dominent une intrigue forte et des personnages qui se dévoilent et évoluent. Le contexte dans lequel ont lieu ces événements est essentiel et prend sa source dans la réalité. La description est parfois un peu caricaturale et n'est pas dans le cadre strict du documentaire édifiant. C'est un film de fiction. On est plutôt dans l'impression de réel qui rend cette histoire particulière possible et plausible. Cela n'empêche pas pour autant d'évoquer les problèmes de fond liés à la ghettoïsation de certains quartiers.
Et puis Adjani est extraordinaire.

• Jérôme •


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